Le tableau Saulus représente une scène biblique bien connue : le moment où le persécuteur chrétien, le romain Saul, en route de Jérusalem vers Damas, est aveuglé par un éclair transmis par Dieu dans les nuages au-dessus de la scène et jeté à bas de son cheval. Ses compagnons de route et leurs chevaux réagissent également avec terreur et tentent de se protéger ou de se mettre à l'abri. À l'arrière-plan du décor boisé, une ville (Jérusalem ? Damas ?) est représentée. La chute, la vision, le message de Jésus conduisent à la conversion de Saul qui, dès lors, proclamera la foi chrétienne sous le nom d'apôtre Paul.
Conception et réalisation
Le grand tableau de tuiles intact (plus de 1 m de haut sur 2 m de large) se compose de 98 tuiles carrées multicolores en majolique (faïence émaillée multicolore). Il montre la scène biblique dans une grande zone rectangulaire entourée d'un cadre richement décoré. La scène est la même que celle de la peinture de Francesco Salviati (1510-1563), aujourd'hui perdue, connue grâce à une gravure de 1545 d'Enea Vico (1523-1567).
Toute la gamme des couleurs de la peinture en majolique anversoise du XVIe siècle est appliquée ici : oxyde d'étain pour la couche de fond blanche, bleu de cobalt, vert de cuivre, orange, le jaune caractéristique et même le violet de manganèse. Une glaçure transparente recouvre ces couleurs et donne un éclat brillant au produit final. Le décor général de la scène est principalement de couleur verte. Il est utilisé pour la plaine herbeuse au premier plan et pour deux rideaux d'arbres feuillus derrière les groupes de soldats. La ville, au pied de deux hautes montagnes à l'arrière-plan et les nuages étendus au-dessus de la scène, créent une impression de profondeur. La couleur blanche des chevaux et des vêtements des soldats les place au premier plan, en tant qu'acteurs de la scène.
Les carreaux du cadre représentent des paires répétées de deux ou trois putti soutenant des vases antiques ou des masques grotesques. Ils sont représentés sur un fond bleu et brun et peints comme une bande continue passant d'un carreau à l'autre, chaque carreau présentant une composition différente. Les pilastres jaunes qui les encadrent représentent des masques grotesques, des vases et des figures semi-humaines en ferronnerie, des grappes de fruits et de fleurs.
Production
Le tableau de 1547 est un rare témoin de la production de majolique à Anvers, un phénomène typique de la Renaissance. Il s'agit du seul exemple entièrement conservé de cette période. C'est un exemple typique du style original de la production anversoise, dans lequel l'influence vénitienne se mêle au langage formel décoratif des Pays-Bas méridionaux et même aux motifs ornementaux français.
Le tableau est attribué à l'atelier Den Salm, fondé en 1520 par Guido Andries (Guido di Savino), un fabricant de majolique vénitien qui fut l'un des fondateurs de l'industrie de la majolique à Anvers au début du XVIe siècle. Grâce à la qualité de ses produits, l'atelier a joui d'une grande renommée en Belgique et à l'étranger jusqu'au début du XVIIe siècle. Tous ces arguments démontrent que le tableau de Saulus est un patrimoine culturel indispensable pour la Flandre.
La conversion de Saul (ou : « La conversion de Saul (Paul) sur le chemin de Damas » ou « La chute de Saul ») peut être admirée dans l'exposition permanente du MAS « Fret ».
Le tableau figure dans la collection du MAS sous le numéro d'inventaire AV.1571.
Prêt
Le tableau Saulus est prêté au Museum Krona (Uden, Pays-Bas), où il sera présenté dans le cadre de l'exposition « Uit het paradijs » (12 octobre 2024 - 16 mars 2025).
