Une femme en vêtement de cour « à douze couches » (appelé jūnihitoe) regarde droit devant elle. Ses kimonos superposés forment une cascade colorée de manches. Ses longs cheveux retombent sur ses épaules et ses sourcils sont dessinés haut sur son front. La femme qui a servi de modèle est probablement la poétesse Ono no Komachi (vers 825-900), dont la légendaire beauté est encore vantée au Japon de nos jours.
Méditation sur la mort
La série de peintures bouddhistes Les neuf contemplations sur l'impureté du corps évoque la finitude du corps humain. Sur la première peinture, on voit une jeune femme en habit de cour de l'époque de Heian (794-1185). Les tableaux suivants montrent son corps qui se décompose après la mort. Les moines utilisaient des séries de ce genre comme support à la méditation. Elles les confrontaient à l’impermanence de la vie et devaient les aider à réprimer leurs désirs charnels. Chaque tableau est assorti d'un poème en chinois classique et la série se termine par un épilogue en japonais sur la finitude de la vie. (La gravure de la septième phase n'existe pas ou plus. Le poème correspondant a quant à lui été conservé.)
L'historique de sa provenance confère à la série une importance plus grande encore. Le poète et avocat anversois Max Elskamp les a acquis à la mort de leur propriétaire précédent, le critique d'art et collectionneur parisien Philippe Burty (1830-1890). Les neuf contemplations illustrent aussi la popularité de l'art et de la culture japonais auprès des artistes et des collectionneurs dans le Paris et l'Anvers de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.