Faute ya commerçant - Patrick Mudekereza
Sur la valeur des objets culturels congolais au MAS
Je veux l’histoire, je veux l’histoire ! Mais l’histoire peut te briser le cœur. (Patrick Mudekereza) |
Patrick Mudekereza, artiste-écrivain de Lubumbashi, s'est entretenu avec des historiens (de l'art), des anthropologues, des décideurs politiques et des militants au sujet de la collection congolaise. Ses poèmes disséminés dans l'exposition décrivent les différentes valeurs des objets: esthétique, commerciale, symbolique, scientifique et spirituelle. Il s'intéresse également à la création, au commerce, aux dons, aux prêts et aux expositions.
La faute relative au pillage et à l'acquisition sans consentement est souvent dissimulée à travers la science, le commerce de l'art et la nouvelle sacralisation dans les musées. Cette intervention artistique restitue ainsi la complexité des objets d'art et utilitaires. Mudekereza le fait en évoquant notre attachement aux objets. De cette manière, nous pouvons peut-être faire passer la recherche de leur éventuel futur au premier plan, à la place du piège de la recherche de leurs origines.
Le titre, Faute ya commerçant, s'inspire de la chanson du célèbre chanteur de la rumba congolaise, Lutumba Simaro. Dans cette chanson, un commerçant de vêtements est accusé de commettre une injustice à l’égard d’une épouse à qui il vend les mêmes vêtements qu'à la maîtresse de son mari.
Sous le masque blanc - Matthias De Groof et Maravilha Munto
Le film que Haesaerts aurait pu réaliser
Le film Sous le masque blanc de Matthias De Groof a été réalisé pour cette exposition. Il s'agit d'un remontage du documentaire artistique Sous le masque noir du cinéaste belge Paul Haesaerts (1901-1974). Le film de Haesaerts de 1958 porte sur les objets d'art et utilitaires congolais. Il y présente vingt pièces phares de cette exposition.
Son film éducatif avait beau être formellement novateur, son contenu était stéréotypé. Dans le remontage de De Groof, nous ne parlons pas des statues, mais elles regardent et répondent. Elles le font au travers d'un texte du poète, penseur et homme politique Aimé Césaire (1913-2008). Son texte en français datant de 1955 a été traduit en lingala et est un miroir confrontant et toujours d'une grande actualité. Ce texte tout comme la musique existaient déjà lorsque Haesaerts a réalisé son film. Selon De Groof Sous le masque blanc est le film que Haesaerts aurait pu réaliser.
- Régie: Matthias De Groof
- Voix: Maravilha Munto
- Texte: basé sur Aimé Césaire ‘Discours sur le colonialisme’, 1955
Velours Kuba – Bren Heymans et brodeurs du Kasaï
Dialogue entre anciens et nouveaux tissus, 2018-2020
Les peuples Kuba du Kasaï sont mondialement connus pour leurs toiles brodées et raphia tissé, doux et velouté. Leurs toiles sont confectionnées selon une technique séculaire. Dans l’ancienne division stricte du travail, les hommes étaient les tisserands. Quant aux femmes, elles étaient responsables des applications et de la broderie. Au fil du temps, le fameux velours Kuba subissait des changements au sein des postes de mission. En effet, à partir des années 1930, l’imagerie complexe est devenue à la fois plus serrée et plus stérile.
Cette évolution est représentée dans l’expo sur base de Velours Kuba, un projet de collaboration créé par l’artiste anversois Bren Heymans. Il entre en dialogue avec quelques brodeuses congolaises d’Ilebo (Kasaï).
Le site web futur-velours.com offre une plateforme à quelques femmes qui poursuivent la riche tradition de broderie raffia au Kasaï. Les tapis ‘Shoowa’ crées pour le projet sont des expériences artistiques analysant le médium même et l’histoire mouvementée. L’impact social qui aspire le projet est aussi importante que les nouveaux œuvres.
Dans de nombreuses mains
Un film du collectif cinématographique belgo-congolais Faire-Part
Le MAS entre en dialogue sur les différentes significations de la collection congolaise dans les mains de la ville d'Anvers et sur l'importance de la polyphonie. Le Collectif cinématographique belgo-congolais Faire-Part a réalisé le film ‘Dans de nombreuses mains’. 25 personnes, Congolais et Anversois, regardent les pièces phares sous plusieurs angles. Plus d’infos sur la page Dans de nombreuses mains.
La publication
Dans cet ouvrage, des chercheurs congolais et belges reviennent ensemble pour la première fois sur les liens historiques entre Anvers et le Congo. Le résultat est une série spéciale de contributions sur une histoire partagée et chargée.
Le lien entre Anvers et l'Afrique a été établi au XVIe siècle, lorsque les premières relations commerciales ont été établies, et se poursuit à travers la colonisation du Congo jusqu'à aujourd'hui. Les bâtiments, monuments et noms de rues de la ville de l'Escaut nous rappellent encore ce passé. Dans le même temps, la mission et la colonisation belges ont incontestablement influencé les cultures congolaises.
En 1920, en pleine période coloniale, l'art et les ustensiles congolais entrent pour la première fois en possession de la ville d'Anvers. Ces objets font désormais partie de la collection MAS. Une sélection de cent accrocheurs est au cœur de cette publication. Les chercheurs congolais ont examiné de plus près et ont décrit leur propre patrimoine.
Le catalogue a été publié à l'occasion des soixante ans d'indépendance congolaise et du centenaire de la collection congolaise gérée par le MAS | Museum aan de Stroom, Anvers.
- 100 x Congo. Een eeuw Congolese kunst in Antwerpen (onder redactie van Els De Palmenaer), MAS BAI books, 2020 - ISBN 9789 0858 68101. D/2020/5757/10
- 100 x Congo. Un siècle d’art congolais à Anvers (sous la direction d’Els De Palmenaer), MAS BAI books, 2020 - ISBN 9789 0858 68118. D/ 2020/5751/11